Les caducées de Salvador Dali

Caducées, Salvador Dali ; © FDD
Caducées, Salvador Dali
Informations supplémentaires
© FDD

Caducée des médecins et caducée des pharmaciens

Salvador Dali

1982

Bronze, acier, marbre

Inv. 2007 12.1 et 2007 12.2

Connaissez-vous vraiment l’histoire et les origines du caducée pharmaceutique ?

En 1982, Salvador Dali livre son interprétation du caducée des médecins (à gauche) et de celui des pharmaciens (à droite). Ces deux emblèmes, connu aussi bien des professionnels que du grand public, soulèvent pourtant plusieurs questions.

Qu’est-ce que le caducée pharmaceutique ?

On désigne sous le terme de « caducée pharmaceutique » la coupe d’Hygie, déesse de la Santé et fille d’Esculape, dieu grec de la Médecine, autour de laquelle s’enroule le serpent d’Épidaure, se redressant et renversant sa tête vers la coupe. Hygie aurait utilisé cette dernière pour donner à boire au serpent d’Esculape dans le temple d’Épidaure.

Cet emblème de la pharmacie est pourtant plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, le caducée désigne initialement le bâton détenu par Hermès, le dieu du Commerce et de l’Éloquence. Il se compose d’une baguette de laurier ou d’olivier surmontée de deux ailes et autour duquel s’enroulent deux serpents.

On le confond très tôt avec le bâton tenu par Asclépios, autour duquel s’enroule un serpent ou une couleuvre. C’est ce fameux bâton que l’on peut voir dans la main du dieu de la Médecine sur le frontispice du Dispensatorium pharmaceuticum austriaco-viennense paru en 1744. On raconte qu’Esculape aurait un jour été menacé par un serpent. Il aurait alors tendu le bâton qu’il tenait vers l’animal et, une fois que celui-ci s’y était enroulé, aurait frappé le bâton à terre pour l’étourdir. Il l’aurait ensuite ramené à la vie en lui introduisant certaines plantes dans la gueule et l’animal lui serait par la suite resté attaché. Le serpent est par ailleurs un symbole de savoir : en s’insinuant dans la Terre, il connaît tous les secrets et les vertus des plantes médicinales et incarne la vitalité et la régénération par sa capacité à muer.

De cette confusion entre le caducée d’Hermès et le bâton d’Asclépios naissent deux variantes principales, devenus les emblèmes officiels de certaines professions médicales :

  • l’emblème des pharmaciens, où le bâton est remplacé par la coupe d’Hygie,
  • et celui des médecins, où le bâton est surmonté d’un miroir, symbole de prudence.

On trouve toutefois de nombreuses autres versions :

  • sur la médaille rendant hommage à la pharmacie éditée en 1983 par la Monnaie de Paris, la coupe et le serpent sont accompagnés d’une balance. Il ne faut pas y voir un rappel du rôle disciplinaire que joue l’Ordre national des pharmaciens, mais bien une référence à l’ancien privilège de la corporation des apothicaires et épiciers de Paris de garder l’étalon royal et d’inspecter les poids et balances de tous les marchands de la capitale.
  • sur la médaille de l’Association de Santé Navale et Coloniale créée par Raymond Joly en 1957, le caducée surmonté d’un miroir fusionne avec une ancre.
  • sur la médaille honorifique décernée par la Chambre de Commerce et d’Industrie à Franck Arnal en 1979, les ailes qui ornent normalement seules la partie supérieure du caducée sont remplacées par le pétase, le couvre-chef ailé d’Hermès.

Un peu d’histoire

Les premiers témoignages de l’utilisation de la coupe d’Hygie comme emblème des apothicaires se rencontrent à Padoue au XIIIe siècle.

Au début du XIXe siècle, la coupe d’Hygie apparaît sur un jeton gravé par Barre pour la Société de Pharmacie de Paris, future Académie nationale de Pharmacie ; ces jetons étaient utilisés comme honoraire de présence pour certaines cérémonies ou assemblées.

C’est au cours de ce siècle que se généralise progressivement en France et en Europe l’utilisation du caducée dit « pharmaceutique » comme emblème de la pharmacie, prenant peu à peu le pas sur les autres symboles traditionnels de la profession (images des trois règnes de la nature, chevrette, balance, mortier et pilon).

En 1942, la coupe d’Hygie est choisie par le Conseil Supérieur de la Pharmacie comme emblème de la profession. Le terme de « caducée » n’est alors pas employé pour désigner ce nouvel emblème officiel.

En 1963, le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens décide que « les seuls emblèmes dont l’usage est admis sont la croix verte et le caducée qui doivent être apposés sur la devanture même ou à la verticale de celle-ci ». Le caducée désigne alors « l’emblème adopté en 1942 », c’est-à-dire la coupe d’Hygie avec le serpent d’Épidaure. Le choix de ce terme demeure curieux dans la mesure où il ne s’agit pas d’un véritable caducée. Peut-être a-t-il été choisi en référence à l’insigne adopté en 1844 par le Service de Santé Militaire. Ce dernier désigne alors sous le terme de « caducée » un faisceau de baguettes autour duquel s’enroule un serpent, surmonté d’un miroir, le tout encadré d’une branche de chêne et d’une branche de laurier.

En 1967, ce « caducée pharmaceutique » est déposé à titre de marque collective auprès de l’INPI.


Parcourir nos oeuvres