Les hôtels du parc Monceau

Entrée du 6 avenue Ruysdaël ; © FDD
Entrée du 6 avenue Ruysdaël
Informations supplémentaires
© FDD
© FDD
 
Informations supplémentaires
© FDD
Entrée du 4 avenue Ruysdaël ; © FDD
Entrée du 4 avenue Ruysdaël
Informations supplémentaires
© FDD
Détail de la façade ; © FDD
Détail de la façade
Informations supplémentaires
© FDD
Pavillon Mauresque ; © FDD
Pavillon Mauresque
Informations supplémentaires
© FDD
Escalier vénitien ; © FDD
Escalier vénitien
Informations supplémentaires
© FDD

C’est sur le domaine de la « Folie de Chartres », nom primitif du parc Monceau, que le banquier Pereire a fait édifier plusieurs hôtels particuliers à la fin des années 1860. Parmi les plus prestigieux, on trouve celui du banquier Moïse de Camondo au 63 de la rue Monceau, celui d’Émile-Justin Menier au 5 avenue Van Dyck ou encore l’hôtel Cernuschi de l’avenue Vélasquez.

Les deux immeubles qui abritent le siège du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens constituent à un ensemble architectural composite mais harmonieux de style néogothique et de pastiche du XVIIIe siècle. Témoignages de l’éclectisme architectural des hôtels édifiés à la fin du Second Empire, ces constructions forment un témoignage précieux d’une époque et d’un art de vivre révolus.

Conscient de l’importance de ce patrimoine, l’Ordre National des Pharmaciens a restauré et rénové les bâtiments, tout en sauvegardant des éléments de patrimoine mobilier : les salons en enfilade sur le jardin, l’escalier néogothique et l’escalier de bois décoré de mosaïques en pâte de verre, ainsi que le « Pavillon Mauresque ».

Le 6 avenue Ruysdaël

L’hôtel particulier du 6 avenue Ruysdaël a été édifié en 1867 par l’architecte Parent comme une « maison d’habitation bourgeoise » de style néo-XVIIIe pour Eugène Jouët. On imagine facilement le bâtiment grâce à la description des calepins du cadastre de 1869 :

« Construction en pierre de taille à l’angle du Parc Monceau, avec façade aux deux côtés, élevée sur sous-sol d’un rez-de-chaussée, premier étage carré, deuxième légèrement mansardé. À l’extrémité du bâtiment, jardin d’hiver prolongeant la façade de la construction. Jardin du côté du parc, cour entre les bâtiments. Au fond de la cour, construction de briques à usage d’écuries, de remises et de chambres pour les cochers […]. »

L’intérieur de la maison comportait, au sous-sol, les cuisines, l’office et le garde-manger. Au rez-de-chaussée se trouvaient quatre pièces de réception en enfilade sur le parc Monceau : un grand salon d’angle, un salon Louis XV décoré de boiseries, une salle à manger de marbre et un salon faisant office de jardin d’hiver avec sortie sur le jardin. Le premier étage, desservi par un escalier de pierre néogothique, était réservé aux appartements des propriétaires. Le deuxième étage mansardé était quant à lui occupé par les domestiques.

Le 4 avenue Ruysdaël

L’hôtel particulier du 4 avenue Ruysdael a pour sa part été édifié avant 1875 par l’architecte Jules Pellechet (1829-1902) pour l’agent de change Louis-Eugène Lecomte. De style néogothique, il présente une façade de brique et pierre agrémentée d’une corniche sculptée de style Renaissance, qui sépare le rez-de-chaussée du premier étage. Les calepins du cadastre en donnent aussi une description :

« La construction en façade sur l’avenue conduisant au parc dont elle est séparée par une petite bande de terrain de trois mètres, élevée sur sous-sol d’un rez-de-chaussée, premier étage carré, deuxième en attique. […] À l’intérieur, distribution classique avec au sous-sol les cuisines, l’office et pièces de service. Au rez-de-chaussée surélevé, pièces de réception. Premier étage réservé aux appartements privés des propriétaires. Le deuxième étage occupé par les domestiques. En fond de cour, un petit bâtiment abritait les écuries et à l’étage des chambres de service. »

Gaston Menier, fils cadet d’Émile-Justin, célèbre chocolatier, acquiert l’hôtel du 4 avenue Ruysdaël et s’y installe en 1879 après son mariage. Il commande alors d’importants travaux à l’architecte de la famille, Henri Parent, qui apporte à l’hôtel de particulier des modifications afin de l’adapter au train de vie de son nouveau propriétaire. Sur l’avenue, l’étage d’attique réservé aux domestiques cède alors place au deuxième étage actuel, traité dans le style « byzantino-vénitien ».

« Au moment de mon mariage j’avais acheté un joli petit hôtel, et j’y ai passé 12 heureuses années, mais comme je manquais de place j’avais fait construire des écuries souterraines desservies par une rampe en pente douce. »

Gaston Menier fait en effet démolir le petit bâtiment de la cour pour construire un pavillon de style « normando-mauresque » caractéristique du goût familial. Outre les écuries, ce pavillon abritait une remise pour cinq voitures au rez-de-chaussée, des chambres de service dans les étages, mais surtout une salle de théâtre, « qui a servi souvent de lieu de réunions pour les fêtes musicales, des bals et pour y jouer la comédie. C’est là en effet que nous avons joué des opérettes, notamment Orphée aux Enfers », nous révèle Gaston Menier dans ses souvenirs.

Une galerie communiquait avec le corps de bâtiment principal au niveau du deuxième étage. Le grand escalier de bois de style Renaissance menant aux étages a été décoré de mosaïques italiennes en pâte de verre.

Depuis la réhabilitation du siège social de l’Ordre national des Pharmaciens, le « Pavillon mauresque » abrite les collections d’histoire de la pharmacie.