Objet de la collection

1967 2.597

Dans "La Vaccine en voyage", deux officiers de santé annoncent une campagne de vaccination à grand renfort de trompette à la population locale. La vache qui suit la calèche est sans doute une allusion à la découverte d’Edward Jenner. On comprend toutefois rapidement que l’image n’est pas à prendre au premier degré. Les textes inscrits sur la bannière et la proclamation que tiennent les officiers relèvent davantage du folklore des charlatans que de la médecine sérieuse : « Par permission, nous vaccinons, […] nous rajeunissons, nous embellissons ». Par ailleurs, à l’arrière de la calèche, un arlequin brandit un dindon qui fait écho aux proclamations (« nous dindonnons », « chacun sera vacciné c’est-à-dire dindonné »), jouant sur le sens péjoratif du verbe « dindonner », qui signifie tromper, duper. De même, dans une habile mise en abyme, le personnage vêtu de jaune au premier plan brandit deux estampes qui circulent également à l’époque. La Dindonnade ou la rivale de la vaccine appuie à nouveau sur cette idée que ceux qui se laissent vacciner sont les dindons de la farce. Sur la seconde, intitulée Formidable effet de la vaccine, un mari, inoculé par un médecin qui attrape la lancette que lui tend l’épouse, voit des cornes lui pousser sur le front. Cette allégorie du mari trompé joue également sur la méfiance des populations face à un traitement qui passe par la transmission d’un fluide animal, animal dont ils pourraient – sait-on jamais ! – acquérir les traits.