L'aventure des Pastilles Géraudel

En 2021, les collections du FDD se sont enrichies d'un carreau de faïence publicitaire vantant les mérites des Pastilles Géraudel. Mais d'où viennent ces fameuses pastilles ?

C’est pour répondre aux problèmes d'inflammation bronchique de sa mère qu’Auguste Arthur Géraudel (1841-1906), pharmacien à Sainte-Ménéhould, aurait mis au point cette pastille à base de goudron de Norvège* dans les années 1870. Cette substance était connue depuis l’Antiquité pour ses vertus thérapeutiques contre les affections respiratoires. Géraudel purifia le produit par chauffage doux au bain-marie et filtration sur une toile, puis l’incorpora dans une pastille aromatisée à l’anis, forme qui lui semblait la plus adaptée.

Face à l’accroissement de la demande, Géraudel construisit l’un des premiers grands laboratoires modernes, avec éclairage, chauffage et monte-charge. Il sut également parfaitement exploiter les ressorts de la publicité, au point qu’on le qualifia de « Roi de la Réclame ». Affiches, cartes postales, publicités dans la presse de l’époque (Le Journal illustré, Le Courrier français illustré, L’Illustration) et même un ballon publicitaire en aérostation et une partition contribuèrent au succès des pastilles Géraudel, à une époque où la concurrence ne manquait pas. Les publicités dessinées par Chéret et Willette sont certainement les plus connues ; elles apportèrent au produit une notoriété certaine.

D’autres dessinateurs contribuèrent toutefois à l’arsenal publicitaire de Géraudel. En 1895, Eugène Ogé compose deux réclames mettant en scène une cantatrice et son pianiste. Sur la première, la chanteuse étouffe une quinte de toux sous les yeux courroucés du musicien. La scène est accompagnée du désormais classique slogan : « Si vous toussez, prendre des pastilles Géraudel ». Sur la seconde, la cantatrice a retrouvé toutes ses facultés, ce que confirme le texte : « Elle ne tousse plus, elle a pris des pastilles Géraudel ».

Un carrelage réclame a été créé à partir de certaines affiches, dont celles d’Ogé. C’est l’atelier d’émaillage Léon Warin, installé à Paris depuis 1880, qui se charge de le produire. Il s'agit ici d'une réédition des années 1970, probablement un cadeau offert à un pharmacien, par un fournisseur à l'occasion d'une commande ou encore à l'occasion d'un séminaire professionnel.

Le goudron de Norvège est un terme ancien désignant un goudron de pin qui, comme son nom l'indique, provenait de Norvège.


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